Histoire de Préval

Légende de Préval

(Ce chapitre se compose d’extraits ou synthèses ayant pour origine « Histoire de la Commune de Préval » par l’Abbé Brière revue et corrigée par M. Julien Guilbaud – Conservateur des objets d’Arts et des Antiquités de la Sarthe).

 

Préval s’appelait primitivement La Chapelle-Gastinelle ou La Chapelle-Gastineau ou plus simplement Gastineau ou Gatineau. Le nom de Préval apparaît pour la première fois en 1679.

LEGENDE

Les anciennes chroniques disent qu’il existait  anciennement, dans une portion de la forêt de Hallais ou Goyette, actuellement défrichée, trois chapelles construites sur une ligne parallèle, s’étendant du Sud-Ouest au Nord-Est : La Chapelle de Haut, La Chapelle du Bois, La Chapelle Gastineau, qui ont donné naissance aux Paroisses de Dehaut, La Chapelle du Bois et Gastineau.

Ce dernier nom indique la partie de la forêt où était établie la Chapelle Gastinelle. C’était une des terres les plus mauvaises de cette forêt. En effet, « Gastineau » signifie inculte, marécageux, mauvais comme terrain.

La tradition locale veut que le moine Saint Longis au 7ème siècle, accompagné de quelques solitaires, prêchait dans ces forêts. Il s’arrêta dans le lieu où est situé le bourg et y construisit un ermitage avec des branchages. Ils entamèrent une vie de prière, de mortification et de travail manuel. Saint Longis fit plus tard construire une Chapelle à l’emplacement de l’église actuelle qui aurait pris le nom de « Chapelle Gastinelle ». Ils s’établirent de façon durable au lieu-dit « L’Abbaye ». Ce petit vallon arrosé par un petit ruisseau était convenable pour des solitaires.

 

Histoire de Préval

(Ce chapitre se compose d’extraits ou synthèses ayant pour origine « Histoire de la Commune de Préval » par l’Abbé Brière revue et corrigée par M. Julien Guilbaud – Conservateur des objets d’Arts et des Antiquités de la Sarthe).

HISTOIRE

1130 - Le premier texte qui mentionne la Paroisse de la « Chapelle de Gastinelle » date de 1130. Il s’agit d’une donation de Gauthier de Montmirail à l’Abbaye de Saint Denis de Nogent-le-Rotrou. On sait qu’au début du 12ème siècle, le moulin de Gastinel avait été détruit par un incendie et qu’il avait été reconstruit en entier par les moines.

Par la suite, les moines concédèrent l’église et la terre à Guillaume de Villeray.

1140 – Hebert de Hussey fait une donation au Prieuré de Sainte Gauburge (Orne). Les moines lui donnent le choix d’une église : Aulaines, la Rouge ou La Chapelle-Gastinelle. Il choisit cette dernière.

1160 – Hugues de Villeray-au-Perche, seigneur de Préval, ou tout du moins propriétaire de la terre, les rétrocéda au Prieuré de Sainte Gauburge en Saint Cyr-la-Rosière (Orne). Cette donation n’était pas une donation complète des terres, mais seulement de l’usufruit, le seigneur se réservant le fond, en exceptant les terrains sur lesquels sont bâtis l’église, les cimetières et le presbytère. Les Religieux avaient l’usufruit et percevaient la dîme.

Le Prieur de Sainte Gauburge était présentateur de la Cure. C’est dire que La Chapelle-Gastineau était trop éloignée du Prieuré pour qu’elle fût desservie directement par le Prieuré. Pour en percevoir les revenus, les moines y placèrent un prêtre pour en assurer le service. Celui-ci prit le nom de « Curé ». Le Curé en retour, était obligé tous les ans, la veille de la fête de Saint Pierre, de se présenter lui-même, à midi, à la porte du monastère avec deux carpes et un plat d’ablettes. Cet usage devait durer jusqu’à la Révolution.

1183 – Guillaume de Passavant, évêque du Mans, approuve la tractation passée plus de vingt ans auparavant entre Hugues de Villeray-au-Perche et les moines de Sainte Gauburge. L’acte de donation délimite le ressort de La Chapelle-Gastinelle. Elle comprenait toutes les terres comprises entre le ruisseau « le Moire » jusque sur St Germain-de-la-Coudre, le ruisseau de l’Etang passant au Gué-aux-Cannes, près du presbytère (l’Hermitière), pour arriver au Moulin de Gastineau. C’est donc toute la petite prairie de Préval, le Moulin de Préval, le presbytère, le Pressoir, les Peucheries, le Chêne, les Gaudines, les Bordes, les Pocheries, les Pâtis, la Marche, l’Abbaye, les Aîtres (actuellement « Les Grands Hêtres »), l’Etang, pour se terminer à l’Isle-Bordière comme limite. La Paroisse de La Chapelle-Gastineau était sensiblement plus petite que maintenant. La partie Sud appartiendra jusqu’à la Révolution à la Paroisse de Souvigné-sur-Même.

Par la suite pendant deux siècles, on ne sait rien de la vie de la Paroisse de La Chapelle-Gastinelle. Il est probable que l’église était desservie par un moine de Sainte Gauburge.

Après la Guerre de Cent ans l’un des premiers soucis de l’Eglise fut l’achat et la réfection des Livres Liturgiques, généralement avant les travaux sur les édifices.

1450 – Un différend entre les habitants du hameau de la Melleraye (au sud de la commune) et ceux de Souvigné-sur-Même éclaire d’un jour particulier la vie de la Paroisse de Préval. En effet, à cette époque toute cette partie de la commune fréquentait depuis toujours les offices religieux de Souvigné-sur-Même. Les habitants du quartier de La Melleraye, la Jalaise, la Matrassière-Boulay et la Butte pour se rendre à Souvigné-sur-Même, empruntaient la route venant de La Ferté Bernard jusqu’à la Croix de l’Ormeau de la Vierge à la petite Melleraye. Ils étaient tout près de Souvigné. Ils coupaient à travers champs pour rejoindre la passerelle qui traverse la rivière, la Même, en face de l’église de Souvigné.

Mais s’ils bénéficiaient des offices de l’église de Souvigné, ils ne contribuaient que de façon très faible aux frais de culte. Le conflit éclata lorsque l’Evêque du Mans eut « plusieurs fois intimé, sous certaines peines de renouveler le missel ». Le Conseil paroissial de l’époque (Conseil de Fabrique) en avait acheté un à Angers pour « 27 écus d’or et 2 écus et demi pour vin de marché et pour l’envoi ». Les habitants de la Melleraye, bien qu’avantagés dans la répartition des 30 écus entre les paroissiens, avaient refusé toute contribution.

Le différend fut porté devant le tribunal ecclésiastique sous l’autorité de l’Evêque (Officialité du Mans) qui donna raison aux habitants de Souvigné condamnant les habitants de la Melleraye à payer leur part pour l’achat du Missel. Furieux, les habitants de la Melleraye déclarèrent qu’ils en appelaient à l’autorité du Métropolitain de Tours et le procès continua !

1496 – Marie de Beaumanoir, « Dame de La Chapelle – Gastineau » fait un don à l’église. Elle épouse François de Billy en 1507.

1510 – Vente de la seigneurie de La Chapelle-Gastineau à Charles de Husson compte de Tonnerre, qui épouse Antoinette de la Trémouille.

1511 – Emery Thiberge, curé de Préval, donne la ferme de la Melleraye à l’hospice de St Julien de La Ferté Bernard à condition d’accepter les malades et incurables de Préval.

1530 – Jehan de Lance, prévôt de La Ferté-Bernard est le premier à prendre le titre de « Seigneur de la Matrassière ». Avant lui les seigneurs de Préval se disaient « Seigneurs de la Chapelle-Gastineau ».

1670 – Détachement d’une petite partie de l’ancien baillage des Trois Chapelles pour donner naissance à la châtellenie de La Chapelle Gâtinelle qui prit alors le nom de Préval.

1679 – La Chapelle Gastineau fut érigée en châtellenie sous le nom de Préval en faveur de Philippe Guestre qui devenait noble sous le nom de « Guestre de Préval ». Philippe Guestre était conseiller du Roi.

Michels Guestre de Préval de la Matrassière était en 1678 l’un des quatre gardes des rôles des Offices de France de la Grande Chancellerie.

1685 – 4 mars décès de Philippe Guestre en son château de la Matrassière à Préval. Sa tombe de marbre noir à ses armes est visible au pied de l’autel de la Vierge en l’église de Préval (bas-côté Nord).

1693 – La fin du règne de Louis XIV sera une période sombre pour la paysannerie : l’outillage agricole reste inchangé depuis le Moyen Age. En cette année 1693 oncomptait seulement six charrues à Préval.

1708 – 2 mars décès de Philippe-Jean Guestre fils du premier seigneur de Préval, chanoine du Mans, abbé commandataire de Perseigne, lui-même seigneur de Préval (2ème seigneur de Préval).  Son successeur de 1708 à 1756 fut son neveu Pierre-Jean-Baptiste Guestre, ancien colonel de Dragons, décoré de la médaille de chevalier de St. Louis.

1780 – Charles de Mauduison dit « Chevalier d’Oursière » domicilié à la Matrassière, fut en 1780 le dernier à porter le titre de « seigneur de la Matrassière ».

1790 – Michel Pesche devient le premier Maire de Préval et il le restera jusqu’à 1793. Il restera Juge de Paix jusqu’à sa mort en 1799

1791 – Urbain Le Royer, curé de Préval, refuse de prêter serment à la Constitution civile du Clergé. Il est incarcéré puis déporté sur le vaisseau « La Corogne » et meurt en exil en Espagne.

La Révolution refera le découpage des communes en choisissant la rivière « La Même » comme frontière naturelle avec la commune voisine, Saint Germain de la Coudre.

La Révolution retire aux curés la charge de l’Etat Civil qui sera désormais exercée par le Maire.

1815 – La Matrassière  est venue à Monsieur Courtin de Torsay qui épouse Madame de Malherbe. Dès 1819, il décide de donner un éclat nouveau à sa nouvelle résidence. Il agrandit le château. C’est un architecte du Mans, Leschene, qui sera chargé des travaux.

1836 – Réalisation de la croix du cimetière (voir plus loin Croix du Cimetière).

1869 – L’abbé Berger ordonne le cimetière et y fait placer la Croix de fer actuelle.

1902 – Le Révèrent Père Théophane, Capucin du Mans, vient prêcher une Mission à Préval qui devait s’achever par la célébration des fêtes de Noël. A cette occasion Madame de Torsay offre le Calvaire de La Matrassière érigé au bas de l’allée de la propriété (voir Calvaire de La Matrassière plus loin).

1920 – L’érection du Monument aux Morts oblige à déplacer le Croix du Cimetière. Elle a été alors placée près de la porte de l’église, porte du XVIè siècle.

Maires de Préval depuis la Révolution

Maires de la Commune depuis la Révolution

1789 - 1793     Michel PESCHE (1er Maire de Préval)

                        Juge de Paix Canton de La Ferté Bernard

1793 - 1815    Denis BESNIER

                        Cultivateur « La Moinerie »

1815 - 1823     François BERCY

                        Cultivateur « L’Isle Bordière »

1823 - 1830    Pierre Godfroy COURTIN DE TORSAY

                        «  La Matrassière »

1830 -1835     Denis BESNIER

                        Cultivateur « La Moinerie »

1835 - 1840    Pierre DEVANT

                        La Godardière

1840 - 1848    Louis Stanislas COURTIN DE TORSAY

                        Propriétaire «  La Matrassière »

1848 - 1850    Michel PAPIN

                        Cultivateur « La Jalaise »

1850 - 1862    Louis Stanislas COURTIN DE TORSAY

                        Propriétaire «  La Matrassière »

1862 - 1865    Jean JUSTICE

                        Cultivateur « La Rousselière »

1865 - 1887    René GOUHIER

                        Cultivateur « La Petite Melleraye »

1887 - 1902    Jean JUSTICE

                        Cultivateur  « Les Aitres »

1902 - 1919    Henri GOUHIER

                        Cultivateur « Les Chênes »

1919 - 1935    René FLEURIDA

                        Herbager « Courbry »

1935 - 1947    François GUITTON

                        Boulanger

1947 - 1977    Fernand DU RIVAU

                        La Matrassière

1977 - 1989    Marcel PRUDHOMME

                        Agriculteur « La Matrassière »

1989 - 2014    Bernard BLOSSIER

                        Professeur

Depuis 2014   José PLANS

                        Chef d’Entreprise à la retraite

Michel Pesche 1er Maire de Préval

Cette année a vu l’inauguration de la nouvelle entrée de l’école ainsi que des modifications sur la place centrale du village qui porte le nom de Michel PESCHE, premier Maire de Préval. Dans cet article sont présentés les éléments retrouvés sur ce personnage dans diverses archives.

Probablement né à Cherreau en 1734, il est le fils de Pierre PESCHE, entrepreneur de bâtiments ou tailleur de pierre à Saint-Antoine du Rochefort (commune aujourd’hui rattachée à la Ferté-Bernard). Il se marie à la Ferté Bernard avec Marie Marguerite Françoise VERDIER. Le couple eut 16 enfants dont au moins 5 sont morts en bas âge reflétant ainsi la mortalité infantile du XVIIIème siècle. Sur les enfants restants, le plus célèbre d’entre eux sera Julien-Rémi PESCHE qui sera successivement libraire, pharmacien, journaliste, homme de lettres et magistrat. Il sera l’auteur de nombreux ouvrages, et notamment du "Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe" (1829) qui fait référence pour notre département.

Michel PESCHE est cité comme boutiquier, marchand exerçant à Préval et Souvigné. Il demeure à la Matrassière Boulay où plusieurs de ses enfants naissent. Son fils Julien-Rémi PESCHE nous explique : « Il signe, comme l’un des 12 députés du district de la Ferté, créé en 1787, le cahier des doléances des 37 paroisses du district, destiné à être porté à l’assemblée provinciale du Maine, pour la rédaction de celui de cette province. Il est nommé, la même année, l’un des électeurs du Tiers-Etat de la sénéchaussée du Maine, pour l’élection des députés aux Etats Généraux » convoqués par Louis XVI.  A la naissance des communes, suite au décret du 14 décembre 1789 concernant la constitution des Municipalités, il est élu maire de Préval au début de l’année 1790. Ceci révèle son statut social car sont alors éligibles ceux qui paient un impôt au moins équivalent à dix journées de travail.

Puis, le 31 décembre 1790, il est élu juge de paix de la campagne du canton de la Ferté-Bernard (la ville avait un juge distinct). Michel PESCHE est alors obligé de se démettre de sa charge de Maire. Dans les archives du greffe de la commune de Préval, à la date du 9 janvier 1791, on retrouve sa prestation de serment devant le « conseil général de la commune » présidé par Julien René Godard qui vient juste de le remplacer en tant qu’officier municipal. Institution mise en place par la révolution, le juge de paix avait pour principale mission de régler les litiges de la vie quotidienne par une démarche conciliatrice : petites affaires personnelles et mobilières, conflits bénins entre particuliers, contraventions de simple police.

Au cours de Germinal An III (mars 1795), il est aussi officier de police du canton rural de la Ferté, poste qu’il n’occupe plus en Frimaire An IV (novembre 1795) quand il reçoit une réponse des administrateurs du département de la Sarthe auxquels il réclamait le presbytère de Saint Antoine pour rendre justice. Dans ce courrier, il est précisé qu’il n’a pas besoin de ce local d’autant plus qu’il n’est plus chargé de juger les affaires de police correctionnelle. Cependant, il traverse la fin de la période révolutionnaire et restera juge jusqu’à sa mort à 68 ans à la Matrassière Boulay de Préval le 18 Fructidor An IX (5 septembre 1801).

Sources :

Archives départementales de la SARTHE, L 740, L 157

Registre des délibérations de la commune de Préval

Rémi MALLET, Raymond CADIOU, Denis BEALET. La Ferté-Bernard pendant la Révolution. La Ferté-Bernard, 1989.